senegal

15 janvier 2016 - 14 mars 2016
1 Que l'aventure senegalaise commence...
Nous sommes arrivés en terres sénégalaises le 15 janvier. On nous avait recommandé de passer par Diama et non pas par Rosso, les démarches y seraient plus simples et le personnel bien plus cool, on valide ! Tout s’est bien passé pour nous, facilement et rapidement !
Nous voilà donc au pays de la « terenga » ; l’hospitalité !
En attendant, nous avons rapidement compris que cette année, notre hiver serait plus chaud que l’été français qui nous attend à notre retour. Nous avoisinons les 40 degrés l’aprem… Ratz et Caïna (cochon pour les intimes, chienne de Jerem) survivent !
Après une nuit à la frontière, il est l’heure de partir à la découverte du pays que nous attendions depuis quelques mois maintenant !
Nous avons eu le grand plaisir de passer en périphérie de Saint Louis (1ère ville après la frontière) et de découvrir avec toujours le même choc, l’immensité des détritus.
Lors d’une escale « achat de pains », des enfants réclamaient de l’argent, des cadeaux et de manière insistante. Certains portaient des robes en guise de tee-shirt, d’autres des brassières… Pfouaha, comment allons-nous faire devant toute cette quémande qui nous énerve autant que nous attriste et nous gêne. Nous avons des choses à donner mais pas comme ça, pas dans la rue, à des enfants des rues en deux minutes. Nous espérons pouvoir, dans les prochains jours ou prochaines semaines trouver des petits villages où nous pourrons poser camps.
Ne connaissant pas encore les pensées sénégalaise vis-à-vis du camping sauvage et par rapport aux touristes et avec pour impératif d’être à Dakar le 18 pour un tampon (pour régulariser la présence du véhicule sur le territoire on nous a édité un passavant, il doit être tamponné sous 48h), on décide d’avancer jusqu’à Mboro et de s’installer pour la nuit au sein d’une auberge. Celle qui nous était recommandée étant fermée, nous nous sommes retrouvés au campement des niayes chez Nicolas, un français expatrié depuis 16 ans. L’occasion de gouter à la bière sénégalaise, la « gazelle » ; une bière blonde - pas gustativement extraordinaire mais bien fraiche – que nous avons appréciée après la période d’abstinence forcée et de recueillir ses impressions sur ce pays qu’il connait maintenant bien. Nous avons fait la connaissance de Jérémy, également installé au Sénégal… selon lui 20 000 français résideraient de manière permanente dans ce pays.
Baignade au milieu des cocotiers et des papayers… Le décor a comme un air d’exotisme !
Lundi matin, 7h, notre taxi privé pour la journée nous attend, direction Dakar pour faire tamponner le livret ATA. 2h30 plus tard, on arrive dans le bureau, enfin plutôt dans le premier bureau, accueilli par Mamadou, le secrétaire du chef des douanes en uniforme et… tongs !!! Deuxième bureau, on nous accueille autour d’une partie de mots croisés… Troisième bureau, tout est ok, livret ATA tamponné, le camion peut circuler librement au Sénégal pendant deux mois…
Nous aurons finalement passé 3 jours au campement. Demain, nous partirons en direction du Lac Rose.



2 Que l'aventure senegalaise continue..
En tant qu’européen/blanc, on nous appelle les « toubabs ». C’est ce terme que crient les enfants au bord de la route en nous faisant des grands coucous. Sous-entendus, ils vont nous donner de l’argent ou des bonbons (vu l’état de leurs dents, pas question), le fameux « cadeau », ce doit être le premier mot de français qu’ils apprennent aux abords des endroits touristiques !!! Et c’est le terme des adultes également
- oh tu es le premier toubab de la journée, achetez quelque choses pour m’encourager
- nous sommes au Sénégal pour deux mois, on ne peut pas acheter à tout le monde
- ah oui d’accord, donnez-moi quelque chose alors toubab
Ce terme a tendance à nous iriser le poil. On se voit bien les montrer du doigt en disant « oh des noirs des noirs » !
Mais bon, enlevons une fois de plus nos filtres de français, on nous explique à plusieurs reprises que ce n’est pas méchant, ils ne savent pas comment nous appeler et ce terme est désormais langage courant !
Le lac Rose, un lieu touristique incontournable autour de Dakar. Un peu déçus à notre arrivée, le lac n’était pas vraiment rose et le décor n’avait rien de subjuguant. Il y a quelques années, l’arrivée du Paris/Dakar se faisait ici.
Au cours d’une balade, on rencontre Toye, un artiste qui réalise des tableaux de sable. Il se joint à nous et nous explique que ce lac fortement salé (380g de sel/litre) est un lieu de travail où bon nombre de nationalités africaines se confondent. Pour 6/7h de travail, un saunier récolte l’équivalent d’une tonne de sel. Pour limiter les dégâts corrosifs sur leur corps ils s’enduisent de beurre de karité. D’ailleurs, ici la baignade est libre mais on nous recommande de ne pas excéder les 15/20 minutes.
Du soleil, du vent et la fameuse algue et nous pouvons apercevoir des courants roses dans ce lac !
Nous avons pu observer des sculpteurs s’afférer à la réalisation des nombreuses statuettes.
Escale à Nianing dans un village vivant essentiellement de la pèche. Cette escale nous a fait beaucoup nous interroger sur le comportement à adopter. Les enfants nous tendaient les bras, nous faisaient des sourires, nous suivaient dans toutes nos actions. Une fois dans les camions, ils frappaient partout, imitaient le bruit des chiens. On a vraiment eu l’impression d’être l’attraction du village !
On ne peut leur en vouloir, ces enfants sont livrés à eux –mêmes, vaquent à leurs occupations toute la journée, des enfants de 12 ans comme de 2 ans…
Cette escale, nous a déjà immergé dans le quotidien sénégalais et nous avons pu passer un bon moment dans l’intimité d’une famille qui nous a invité pour le diner.
Visite de l’ïle de Joal Fathiout où nous avons rencontré Edou, un homme de 37 ans. Cet homme, jean/veste en scooter grâce au business qu’il part faire en ville, aurait tendance à représenter la « jeunesse indépendante » est en réalité bloqué par les coutumes de la vie sénégalaise. Jamais il ne pourrait envisager partir en vacances avec une femme, si elle n’est pas « sa » femme ; mais que diraient-les parents ?! Quand il s’aperçoit que nous - couple non marié - vivons dans une maison à roues confortable qui en plus nous emmène au Sénégal, il est envieux, très envieux de la liberté que nous octroie la vie !
Nous sommes installés devant l’habitation d’une famille depuis plusieurs jours maintenant, tous les soirs les négociations sont lancées pour que nous repoussions notre départ.
Nous passons nos journées ensemble, du lever au coucher, avec la quinzaine de personnes qui résident ici (petits et grands). Courses au marché, balades, repas, thés, jeux avec les enfants, séance Kirikou… et on recommence ! Heureusement pour tous nos échanges, ils maitrisent mieux le français que nous le wolof…
Au fil des jours, nous avons rencontrés beaucoup des membres de la famille. Dans un pays où la polygamie existe, l’arbre généalogique n’a pas été évident à faire.
Pour, la soirée – qui devait être la dernière - ils nous ont offert des tenues traditionnelles !
Nous sommes allés passer une journée en mer, dans le delta du Saloum. Peche, balade dans une Ile, repas sur un quai aux allures d’ïle paradisiaque.
C’est un super moment que nous vivons à leurs côtés ! Et grâce à vos dons, nous avons pu leur offrir des vêtements et des jouets, de quoi ravir petits et grands, merci !!!
Demain, il nous faudra partir avant de ne jamais partir !








3 Que l'aventure senegalaise continue a samba dia..
Comme beaucoup le savent déjà, nos plans ont évolué depuis les précédentes nouvelles. Nous avons élu domicile pour plusieurs semaines chez notre fameuse famille sénégalaise rencontrée fin janvier.
Flo Ratz et moi, nous nous sommes absentés début février pour une petite semaine pour visiter le parc de Niokolo Koba où nous avons vu beaucoup d’animaux et Tambacounda la ville de la wax. Dans le Sénégal Oriental, nous avons découvert un Sénégal bien plus vert et bien moins touristique qu’à l’ouest. Nous avons fait le triste constat d’une grande présence de talibés, ces jeunes garçons (abandonnés ou issus de familles très défavorisées) d’une petite dizaine d’années qui sont dans les rues en tee-shirt long avec une boite de conserve ou pot en plastique à mendier. Ces enfants sont sous le commandement d’un marabout. Ce dernier est censé les héberger, les nourrir et leur enseigner le coran. Ce dernier est apparemment bien plus préoccupés par l’argent que vont ramener tous ces enfants (châtiments corporels en fonction de la somme rapportée) que par le soin qu’il devrait leur accorder. Dans le village de Samba Dia, chaque talibé est rattaché à une famille qui a pour obligation de le nourrir de temps en temps, de lui donner des vêtements propres et du savon pour laver le linge. Apriori, ils ne sont pas mal traités…
De retour dans la famille, immersion totale : Flo s’est essayé à l’activité des hommes de la maison.
Pour ma part, je fais des cours de soutien français et maths 3 fois par semaine dans l’école du village pour des enfants de 8-10 ans. Grâce à vos stylos bic, chaque enfant a désormais un stylo (les exercices prendront moins de temps que lorsqu’ils avaient 1 stylo pour 3 ou 4). L’école et plus particulièrement l’enseignement n’est pas la priorité. Et pourquoi cela le serait sachant qu’après 12/13 ans les bancs se vident. Les femmes s’occuperont de la famille et les hommes chercheront une activité pour vivre. Je fais faire les devoirs de Coumba, la cousine de Marie qui vit à la maison pour assister Marie (je dirais plutôt pour exécuter les ordres de cette dernière qui délègue très facilement…) à 22h car avant elle doit préparer le repas, laver les enfants, faire la vaisselle… Et si jamais elle n’est pas trop fatiguée alors elle peut enfin prendre du temps pour faire ses leçons…
On se fait au rythme de la vie familiale… Les températures élevées (quand il fait encore 35°c à 18h30 ça calme un peu) ne nous font pas déborder d’énergie mais Flo et Jerem travaillent tous les jours pour que la famille puisse avoir une terrasse couverte pour la saison des pluies. Cette histoire de travaux ne s’est pas déroulée exactement comme nous le souhaitions, nous voulions faire une cuisine digne de ce nom (avec un plan de travail [pour poser tous leurs plats et aliments/elles cuisinent toujours au sol assises près du feu] et qu’elle soit étanche), la famille préfère une grande terrasse… Peu importe c’est leur habitation c’est eux qui décident… Enfin plutôt devrais-je dire les hommes en ont décidé ainsi et pour eux la case qui sert de cuisine n’est pas d’une importance capitale puisqu’ils n’y mettent jamais les pieds ! Nous sommes contents de pouvoir leur donner ce coup de pouce mais un peu dubitatifs devant le comportement de certains qui a beaucoup agacé les garçons pendant les travaux (ils ont du mal avec le respect du matériel et des consignes…).
Parfois, c’est presque déroutant de vivre à leurs côtés en permanence, tellement les choses nous semblent loin de nous… La politesse n’existe pas (si quelqu’un veut quelque chose, elle nous dit : « Mégane sucre/ Florian eau fraiche/ Jérémy cuillère» - ah d’accord donc là il faut comprendre que la personne aimerait du sucre/de l’eau fraîche ou qu’il faut descendre les cuillères pour le repas), ce n’est pas facile de se faire à l’idée qu’ici la politesse n’existe pas, on aurait bien envie de les reprendre mais en aucun cas c’est un manque de respect vis-à-vis de nous c’est juste quelque chose d’inexistant, ils ne réfléchissent pas beaucoup (ex : tous les papiers, emballages sont jetés comme ça en vrac dans la cours ou dans la rue et après ils nettoient le sable – au lieu de jeter directement tout au même endroit), les enfants semblent être plus des « petits serviteurs » que des enfants aimés, le respect des animaux mais qu’est-ce que c’est que cette chose ???
Il est parfois compliqué d’enlever tous nos filtres de français…
Mais d’un autre côté, nous sommes ravies de vivre à leurs côtés, on apprend beaucoup sur leur vie et leurs états d’esprits, on est connu dans le village désormais on nous appelle par nos prénoms et non plus « toubabs », le côté attachant des enfants qui sont collants voire très collants dès qu’on leur accorde un peu d’attention, les moments d’échanges et de rires partagés avec Awa, Amy, Babou et les autres nous rassemblent et nous font oublier nos différences.
Il y a eu un baptême, évènement pour célébrer la première semaine du bébé et par la même occasion lui donner un prénom. Tout le village est convié. Les femmes apportent un cadeau ou de l’argent à la maman et les hommes font de même pour le papa. Les femmes cuisinent de nombreux plats (avec au menu de la viande, aliment réservé aux festivités) pour le déjeuner qui sont par la suite distribués et dégustés dans la rue. Chants, cuisine, djembés, vêtements de couleurs, discutions, thés rythment l’événement !
Nous sommes allés passer une journée au bras de mer, à quelques km de la maison. Cela n’a pas été facile mais nous avons réussi à emmener toute la famille. A 11h, les charrettes sont chargées (déjeuner, eau et la quinzaine de personnes que nous sommes) et attelées, c’est la force des ânes et du cheval qui nous emmène jusqu’à notre destination. Que ça nous a fait plaisir de voir petits et grands se déshabiller et courir dans l’eau, de voir tous ces sourires sur les visages et d’entendre tous ces cris de rires !!!
Fêter ses 23 ans au Sénégal, cela donne : un spectacle de danse, 1kg d’arachide et un gâteau…
Nous sommes à Samba Dia pour une dizaine de jours, après il nous faudra dire au-revoir à notre famille, nos amis, l’école, le village… avec de nombreux souvenirs dans nos mémoires et dans l’appareil photos !








4 Que l'aventure senegalaise se termine.. snif
Le moment de partir est arrivé et les derniers jours sont passés très vite !
Nous avons fait une petite fête de départ dimanche 06 mars, un moment convivial et très sympathique. Un repas partagé dans la case de Babou (il y avait trop de vent pour manger dehors) et un après-midi danses et chants. Les enfants étaient tellement contents de dandiner fesses, jambes et bras sur les rythmes décidés par les plus vieux. Déjà très jeunes ils ont le rythme dans la peau et le corps flex’ !
Mardi en route pour l’ïle de Gorée, un lieu chargé d’histoire… Traite des nègres, histoire du Sénégal, nous apprenons beaucoup sur cette Ile aux allures coloniales…
C’est la gorge serrée et les yeux humides que nous nous somme quittés ce matin...
Nous sommes très contents de cette expérience, des rencontres et échanges que nous avons eus avec cette famille. Enfants et adultes nous manquent déjà !
Nous connaissons d’avance leur sort, peut-être que la vie en décidera autrement pour certains !
Une chose est sure, nous reverrons la famille Diouf…
Lundi nous quitterons le Sénégal…





